Tout observateur neutre va se poser la question sur l’absence de réaction de Renault face aux velléités hégémoniques de Nissan. En particulier, Nissan qui a fait arrêter le PDG de Renault sans l’informer, ne semble encore avoir rien transmis au constructeur français au niveau des preuves à charge contre Carlos Ghosn.
Mieux, Nissan n’a pas caché sa volonté de prendre le leadership de l’alliance qui englobe aussi Mitsubishi et Renault. Aussi, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, semble avoir poliment refusé toute intervention de l’Etat français dans ce dossier.
Pourtant, Renault qui contrôle 43% du capital de Nissan, peut théoriquement franchir le pas et contrôler la majorité du capital du constructeur japonais pour en finir avec la dissidence et surtout donner une nouvelle impulsion aux synergies industrielles et financières.
Toutefois, Renault ne semble pas souhaiter franchir ce pas pour plusieurs raisons. Selon nous, le premier est lié historiquement à Carlos Ghosn qui présidait les trois constructeurs et qui se plaisait certainement dans cette situation où il était le maître d’oeuvre. En particulier, une fusion aurait pu faire monter un actionnaire au capital et amener donc un nouveau PDG.
La deuxième raison est celle de la peur de la réaction des marchés. En effet, Renault qui pèse en Bourse plus de 18 Mrds d’euros contre plus de 30 Mrds d’euros pour Nissan, doit convaincre ses actionnaires et ses bailleurs de fonds, du bien fondé d’une OPA sous peine d’un flop. Aussi, l’Etat japonais peut mettre son veto d’une manière ou d’une autre à cette OPA. Enfin, Nissan qui détient 15% de Renault peut mener un contre-raid un peu à l’image de la guerre SG/BNP dans les années 90.
La troisième raison est la présence de l’Etat français dans le capital de Renault. En effet, l’Etat-actionnaire est connu pour sa frilosité notamment au niveau des mariages transfrontaliers. De même, dans ce dossier, l’Etat français prend en compte ses relations diplomatiques avec le Japon. Aussi, l’enjeu financier d’une dizaine de milliards d’euros, refroidit les ardeurs du gouvernement à la recherche d’économies et non d’investissements supplémentaires.