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Editorial: le dilemme du commerce extérieur

Port de Marseille

Aucun candidat à la présidentielle ne s’est encore aventuré au niveau technique sur la résolution du problème du déficit commercial important de la France. En effet, ce dossier est compliqué et nécessite des études approfondies et pointues, ce qui a même amené le président en exercice à éviter de s’aventurer sur ce terrain. 

En effet, selon l'Insee, en moyenne mobile sur trois mois, le solde extérieur de biens a reculé de nouveau fortement en novembre 2021 et atteint -9 Mrds d’euros, soit le niveau le plus bas jamais atteint. De même, le déficit cumulé sur les 12 derniers mois a atteint 77,6 Mrds d’euros, soit 2,6 Mrds de plus que le déficit annuel record de 2011.

Cette question est difficile car à chaud, nous sommes tentés d’indiquer que ce déficit commercial subventionne la croissance économique de pays tiers au détriment de celle de la France. En effet, ces achats externes transfèrent une partie de la valeur ajoutée à l’étranger. 

Toutefois, au niveau théorique, un tel constat n’est pas certain car selon les avantages comparatifs, l’importation d’un bien à un prix inférieur au coût local de fabrication, est bénéfique car elle libère des capitaux et des facteurs de production au profit d’un produit où la France est plus performante. Concrètement, si la France importe de la lingerie low cost du Bangladesh et qu’elle exporte des sacs Louis Vuitton au Japon, elle est gagnante. Il en est de même si la France exporte des Rafale et importe des Dacia. 

Justement, les chiffres du commerce extérieur sont à retraiter car les entreprises françaises produisent de plus en plus à l’étranger pour des raisons de proximité et/ou de coûts compétitifs. En effet, ces délocalisations génèrent des bénéfices regroupés en France. De plus, ces exportations à partir de l’étranger supportent souvent des prix de transferts assez importants. 

D’ailleurs, avec près de 100 Mrds $ de déficit commercial mensuel, les Etats-Unis sont le meilleur contre-exemple en la matière. Surtout, grâce à l’euro, la France peut se permettre un tel luxe comme les Etats-Unis avec le dollar. En effet, la planche à billets ne génère pas de l’hyperinflation grâce à la mondialisation de l’euro et sa circulation dans une large zone économique. 

Notons enfin que certaines solutions simplistes avancées pour réduire le déficit commercial comme la relocalisation de la production ou la réindustrialisation, se heurtent à certaines réalités du terrain. En effet, pour la réindustrialisation, l’étude du taux d’intégration est importante car s’il faut importer du fer et de l’électricité pour produire de l’acier, les gains sont marginaux. De même, la production locale de voitures low cost, peut évincer les constructeurs français de ce marché.