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Editorial: le mirage de la candidature unique !

Urne vide

Pour les militants de la gauche et de l’extrême-droite, une candidature unique est synonyme de présence au second tour et de possibilité de victoire. D’ailleurs, LR a fait ce pari ayant même convaincu Xavier Bertrand de jouer le jeu. Toutefois, un examen minutieux des résultats des dernières présidentielles, nuance un tel constat. 

En effet, en 1974, François Mitterrand avait réussi  l’union de la gauche dès le premier tour ce qui lui a permis d’obtenir un score de 43,3% au premier tour. Toutefois, Mitterrand a perdu au second tour en n’obtenant que 49% contre Valéry Giscard d'Estaing qui avait été concurrencé au premier tour par Jacques Chaban-Delmas et ses amis de la droite républicaine. 

A contrario, en 1981, Mitterrand a battu VGE par 51,8%, remportant la présidentielle alors que le PCF avait présenté Georges Marchais au premier tour avec à la clé un score de 15,4%. D’ailleurs, François Hollande avait aussi gagné en 2012 avec un score de 51,6% alors qu’il avait dû batailler au premier tour contre Jean-Luc Mélenchon (11,1%) et Eva Joly (2,3%). 

Aussi, la candidature de François Bayrou (18,6%) n’avait pas empêché Nicolas Sarkozy de survoler la présidentielle en 2007 avec un score de 31,2% dès le premier tour. Surtout, Jacques Chirac avait enfin accédé à l’Elysée en 1995 malgré la candidature fratricide d’Edouard Balladur, le RPR ayant fait une primaire grandeur-nature au premier tour de la présidentielle.

En effet, cette idée reçue semble remonter à la défaite VGE en 1981 car ce dernier l’avait entièrement imputé à Jacques Chirac qui s’était présenté contre lui avec un mauvais report de voix au second tour. Aussi, à gauche, ce traumatisme revient à l’élimination de Lionel Jospin en 2002 après l’affrontement au premier tour de toutes les composantes de la gauche plurielle. 

Toutefois, la défaite de Giscard d'Estaing en 1981 était surtout liée à un rejet de plus en plus massif de la part de l’électorat dans un scénario similaire à celui de Sarkozy en 2012. De plus, VGE avait abaissé l’âge de vote à 18 ans ce qui avait naturellement stimulé le désir de changement. Quant à Jospin, son erreur a été de négliger le débat imposé à sa droite sur la sécurité et l’immigration. De même, au niveau tactique, il a organisé sa campagne uniquement sur la base d’un duel avec le président sortant. 

In fine, l’élection présidentielle est davantage régie par une logique de dynamique et non par un jeu comptable statique. En effet, les électeurs tranchent souvent en faveur du candidat dont la dynamique est la plus emballante. Aussi, pour gagner la présidentielle, il vaut mieux avoir une réserve de voix au premier tour. De plus, au lendemain de la victoire, les 100 jours de délai de grâce, ne sont acquis qu’en cas de rassemblement et non de victoire solitaire.