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Editorial: un chômage structurel

Chômage

16 mois après l'accession d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, le chômage n’a toujours pas reculé malgré les réformes réalisées et l’apaisement des relations avec les milieux d’affaire.

En effet, le nombre d'inscrits à Pôle emploi a de nouveau légèrement augmenté de 0,5% au 3ème trimestre avec 16.300 chômeurs de plus. Il s'agit du deuxième trimestre consécutif de hausse après 0,2% au précédent. Surtout, la France compte 3,7 millions de chômeurs de catégorie A et un peu moins de 6 millions de chômeurs toutes catégories confondues.

Plusieurs éléments peuvent expliquer ce chômage structurel. Le premier est celui d’une erreur de diagnostic de la part de l’exécutif qui pense qu’en stimulant l’investissement, l’emploi suit. Or, les investissements réalisés sont peu porteurs en emplois.

Ainsi, selon Les Echos, les entreprises françaises investissent déjà près de 26% de la valeur ajoutée créée contre 19% en Allemagne. Toutefois, la part des investissements en logiciels et base de données des industries manufacturières françaises atteint 21,2 % contre 5,5% en Allemagne.

En effet, à titre d’exemple, les banques investissent dans le digital et ferment des agences quand plusieurs multinationales localisent la R&D en France et la production ailleurs. D’ailleurs, il suffit de suivre les publications des entreprises du CAC 40 pour se rendre compte que l’international abrite désormais la majorité des sites des production. Aussi, même les PME prospères suivent cette tendance.

Un deuxième élément peut expliquer le chômage structurel est celui du biais de comparaison avec les pays anglo-saxons. En effet, un chômeur correctement indemnisé, acceptera moins facilement un emploi plus contraignant ou insuffisamment rémunéré. Aussi, dans certains cas, les conditions du nouveau job (déménagement, temps partiel…) , font que le SMIG est moins attractif que le RSA. Enfin, les entreprises ne peuvent jongler avec les CDD de courte durée ou des stages reconduits éternellement.

D’ailleurs, sur ce dossier, la France se rapproche des statistiques de l’Espagne où le taux de chômage est très élevé, frôlant les 20% sans démoralisation de la population car plusieurs personnes actives jonglent avec la législation et/ou travaillent dans des entreprises familiales, notamment dans le tourisme.

In fine, pour baisser le chômage, le gouvernement doit en faire une priorité à tous les niveaux, notamment en conditionnant toute mesure par son impact sur l’emploi. A ce titre, l’exécutif peut s’inspirer de ce qui a marché comme la police de proximité, les emplois jeunes ou le maintien du RSA pendant les premiers mois de reprise du travail. Au passage, la diminution des emplois aidés, a été une décision malheureuse, du moins au niveau statistique.

Par ailleurs, l’indemnité de chômage doit être assujettie à des formations obligatoires pour préparer la reconversion ou le renforcement des compétences notamment au niveau des langues, de l’informatique ou du digital.