En plein mouvement des Gilets Jaunes, une annonce du premier ministre français, Edouard Philippe, est quasiment passée inaperçue. Il s’agit de la forte hausse des droits d’inscription annuels des nouveaux étudiants hors-UE, qui atteindront 2.800 euros en licence et 3.800 euros en master et en doctorat contre respectivement 170 euros et 243 euros actuellement.
Bizarrement, cette annonce survient dans le cadre d’un plan destiné à attirer davantage d’étudiants étrangers, notamment en simplifiant la procédure de demande de visa pour les étudiants, qui pourra se faire en ligne. Surtout, dès 2019, les diplômés d’un niveau équivalent à celui du master, pourront bénéficier d’un titre de séjour pour créer une entreprise ou travailler en France.
Ainsi, plus qu’une mesure technique, il s’agit d’un virage philosophique au niveau de l’Enseignement supérieur. En effet, les étudiants visés par la hausse des droits, sont majoritairement les maghrébins et les chinois, qui constituent le gros du contingent. Aussi, les nouveaux étudiants ciblés, sont certainement ceux des pays du Golfe ou de la classe aisée des pays émergents.
In fine, l’Enseignement supérieur français ne servira plus théoriquement comme principale arme de la francophonie qui offrait la gratuité en contrepartie du maintien de l’influence de la France dans plusieurs pays amis. Surtout, la performance universitaire n’est pas corrélée à la profondeur du portefeuille des parents. Au passage, est ce qu’un doctorant dépend toujours financièrement de ses parents. Enfin, en choisissant l’accès payant, l’enseignement français entre en concurrence directe avec celui du Canada ou du Royaume-Uni.
Par ailleurs, cette fin de la gratuité pour une partie des étudiants étrangers en France, peut certainement servir de ballon d’essai. En effet, en suivant la même logique, les ménages aisés français ou européens, pourront être invités ultérieurement à contribuer davantage aux frais de formation au niveau des études supérieures.
