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Editorial: quid du changement avec Marine à l’Elysée ?

Marine Le Pen

Désormais, la victoire de Marine Le Pen à la présidentielle de 2022 n’est plus un simple exercice de politique-fiction. D’où la question sur les changements potentiels en France, en cas d’accession du RN à l’Elysée.

Cette victoire semble possible grâce à l’enracinement des idées du RN dans la société française et aux difficultés d’Emmanuel Macron d’alterner de nouveau une alternative crédible à Marine Le Pen ainsi que de proposer des solutions concrètes aux problèmes soulevés par sa mouvance. Surtout, dans sa stratégie électorale, Macron tente de jouer en 2022 le match retour de 2017 comme le montre sa tentative d’élimination de la candidature de Xavier Bertrand et de recherche de l’appui des LR (Estrosi et Muselier) de la région PACA. 

Cet enracinement des idées du RN se décline par la forte adhésion des policiers et des militaires. Aussi, sans le revendiquer ouvertement, plusieurs chaînes d’information, chroniqueurs et journalistes relaient les thèmes favoris de Marine Le Pen. Il s’agit notamment de la non intégration des français d’origine non européenne, de l’assimilation de l’islam à l’islamisme, du laxisme de la justice, de la faillite des élites et du fameux lien entre l’immigration et l’insécurité.

Justement, ce programme qui est davantage dans le diagnostic que dans la proposition, risque d’être difficilement applicable pour plusieurs raisons. En effet, en cas de victoire de Marine Le Pen en 2022, la présidente du RN aura à gagner le troisième tour des législatives. Ainsi, elle devra trouver le premier ministre idoine capable de séduire et de rassurer dans l’objectif de constituer une nouvelle majorité dont le RN sera un noyau dur. 

Ensuite, comme Marine Le Pen ne revendique plus un Frexit dans son programme, l’UE risque d’être le principal frein au programme frontiste. En effet, les différentes instances de l’UE sont susceptibles de s’opposer à l’interdiction du regroupement familial, à la justice inféodée au gouvernement ou à la discrimination par origine (ex: obligation de prénoms français). 

Aussi, au-delà de l’UE, la rhétorique actuelle du RN et de ses amis, souffre d’un manque de précision. Ainsi, en dehors des discussions de bistrot, il est difficile de déterminer qui est maghrébin ou musulman. En effet, si c’est le prénom qui est pris en compte, à titre d’exemple, le joueur franco-marocain Romain Saiss, ne sera pas inquiété. Idem, si c’est la nationalité des grands-parents, Arnaud Montebourg sera considéré comme un mauvais français. 

In fine, en cas d’accession au pouvoir, le RN ne pourra au mieux qu’appliquer le programme du RPR de 1993-1997 avec le déchantement qui a suivi et le retour des socialistes au pouvoir. En effet, en reprenant la phrase célèbre de Bill Clinton "It's the economy, stupid., même les électeurs du RN pourront être déçus après l’élection de Marine Le Pen si les mesures socio-culturelles promises, n’apportent pas le bien-être promis, notamment au niveau économique.