Selon les derniers chiffres disponibles, près d'un million de Français ont arrêté de fumer en un an. De plus, le marché du tabac a enregistré une baisse cumulative des ventes de 9,2% depuis début janvier.
Pour les pouvoirs publics, ces succès sont le résultat des hausses successives du prix du paquet de cigarettes. Mieux, le gouvernement français veut se rapprocher du seuil symbolique des 10 euros en moyenne le paquet, avec plusieurs hausses prévues en 2019 et 2020;
D’ailleurs, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’était déjà réjouie du recul du nombre de fumeurs invétérés en France. Aussi, elle s’est montrée fière de ces résultats encourageants qui sont pérennes avec la hausse de la fiscalité sur le tabac.
Toutefois, ces chiffres sont à nuancer par le phénomène de la contrebande et de l’informel. En effet, la baisse des ventes ne concerne que le circuit officiel et ne signifie pas forcément une baisse de la consommation.
A titre d’exemple, selon la Dépêche, 34 % des cigarettes sont vendues sur le réseau parallèle avec un trafic organisé avec Andorre. Aussi, les fumeurs n’hésitent pas à prendre la route pour s’approvisionner dans les pays voisins. De même, à Paris, Barbès serait devenue une plaque tournante de la vente informelle des cigarettes selon Le Parisien avec une centaine de jeunes revendeurs qui vendent les paquets de contrebande.
De l’autre côté, c’est Bercy qui se frotte les mains car le tabac qui rapporte environ 14 Mrds d'euros de recettes fiscales par an à l'Etat (TVA comprise), devra stimuler les caisses de l’Etat de 500 millions d'euros de recettes fiscales supplémentaires en 2018. Mieux, le gain additionnel devrait monter jusqu'à 1,41 milliard en plus en 2021.
C’est ainsi que la question du titre de l’Edito, se pose car si le tabac était un danger public de santé, l’interdiction de sa vente aurait été plus simple quitte à accompagner les fumeurs à grande accoutumance. Une solution moins radicale aurait consisté à limiter la consommation de tabac aux domiciles privés, en l’interdisant dans tous les lieux publics y compris dans les terrasses de café et dans la rue.
En effet, la solution actuelle qui consiste à lutter contre le tabagisme uniquement par la hausse des prix, fait surtout le bonheur des contrebandiers et des finances publiques.
