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La guerre froide entre Suez et Veolia

Veolia Suez

Le feuilleton de la fusion-absorption de Suez par Veolia a repris avec l’envoi d’une lettre au Conseil d’administration de l’ancienne filiale d’Engie. Cette lettre a été accueillie fraîchement par Suez qui semble déterminée à résister jusqu’à la fin des différentes procédures.

Ainsi, le Conseil d’administration de Suez a annoncé accuser réception du courrier qui a été rendu public par Veolia et qui vise à exposer son projet, plus de 4 mois après son annonce. Le Conseil examinera ainsi le document reçu et sera également attentif à la cohérence avec le plan stratégique SUEZ 2030 et avec la raison d’être du groupe. 

Aussi, Suez n’a pas manqué de rappeler qu’une offre engageante de la part de Veolia ne peut être déposée actuellement à l’Autorité des marchés financiers car l'opération proposée a été organisée et structurée dans des conditions irrégulières et elle fait l’objet de procédures judiciaires qui ont donné lieu à des décisions de justice de suspension.

En effet, il y’a un mois, la cour d'appel de Paris a confirmé l'ordonnance de référé qui avait suspendu l'opération d'acquisition par Veolia de 29,9% du capital de Suez. En particulier, selon la justice, les comités sociaux et économiques (CSE) de Suez et Suez Eau France, n'avaient pas été informés.  Dans ce cadre, l’ensemble des effets de la vente par Engie à Veolia de 29,9% de Suez restent suspendus tant que l’information-consultation des représentants du personnel n’aura pas été finalisée. En tout état de cause, Veolia restera privée de ses droits de vote à l’issue de cette information consultation jusqu’à la fin de la revue par l’autorité européenne de concurrence (sauf autorisation de cette dernière).

Pour sa part, Veolia a annoncé avoir adressé au Conseil d’administration de Suez, le 7 janvier 2021, la proposition d’offre publique qu’elle a l’intention de déposer sur les 70,1% du capital de qui ne sont pas en sa possession. Cette proposition formelle décrit l’ensemble des éléments du projet industriel, du projet social et des conditions financières que Veolia proposera lors du dépôt effectif de l’offre.

Ainsi, Antoine Frérot, PDG de Veolia, a déclaré que cette démarche permet notamment aux actionnaires de Suez de prendre officiellement connaissance de l'ensemble des modalités de la proposition d’offre et de se faire un avis sur son sens industriel, social et financier​. En effet, Veolia veut créer champion mondial de la transformation écologique. 

Aussi, pour Veolia, cette consolidation est nécessaire car le marché industriel de la transformation écologique reste extraordinairement fragmenté. Ainsi, Veolia-Suez pourra afficher une part de marché d’environ 5% avec une complémentarité géographique intéressante notamment en Europe. De plus, une offre financière stricte sur Suez ne peut que se traduire par un endettement massif et des intérêts contradictoires contrairement à l’offre industrielle de Veolia. 

Par ailleurs, Veolia a tenu à rassurer sur le volet social en garantissant le maintien des emplois en France au minimum jusqu'au second semestre 2023. En effet,  les synergies chiffrées à 500 M€ par an, sur lesquelles Veolia a communiqué, concernent des mesures d'efficacité opérationnelle ainsi que des économies apportées par le regroupement en matière d'achats. Aussi, au moins pour le top 100, Veolia mettra en place un système d'évaluation des compétences qui s'appuiera sur une expertise externe.

Enfin, Meridiam, entreprise française de gestion d'infrastructures, s'est engagée à acquérir l'ensemble des activités de Suez Eau France des filiales. Aussi, Meridiam s’est engagé à investir 800 millions d'euros dans les 5 à 7 ans qui viennent.  Aussi, l’offre de Veolia 18 euros par action Suez, représente une prime de 75% par rapport au cours de clôture de l'action au 30 juillet 2020. Elle est aussi supérieure de 35% par rapport au cours de l'action lors de l'annonce du plan Shaping SUEZ 2030 en octobre 2019. Enfin, elle est alignée sur le prix payé à Engie début octobre.