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Editorial: le tropisme français pour l’Europe de l’Est

Visegrad

Le décrochage de la France par rapport à l’Allemagne semble coïncider avec l’élargissement de l’UE à l’Est qui a démarré avec la RDA et la réunification allemande. Surtout, en parallèle, la France a perdu au fur et à mesure son espace politico-économique en Afrique du Nord et de l’Ouest. 

En effet, l’économie française a pris son premier coup dur avec la réunification allemande en 1990 et l’adhésion de la RDA de facto à l’UE. En particulier, la décision politique d’une parité égale entre le Mark de l’Ouest avec celui de l’Est a amené l’Allemagne à pratiquer des taux d’intérêts élevés pour juguler toute pression inflationniste. Or, ces taux ont asphyxié la France qui était obligée de suivre sous peine de voir le Franc s’effondrer. 

Par la suite, la France a préféré appuyer l’élargissement de 2004 aux pays de l’Est ce qui a déplacé le centre de gravité de l’UE. Aussi, par tropisme, les groupes français ont vu davantage d’opportunités en Europe de l’Est qu’en Afrique. Or, tout d’abord, ces pays ont été “conquis” par l’Allemagne avec un échange d’investissements et d’immigration qualifiée. Aussi, ces pays qui ont gardé la technologie du temps du communisme, sont devenus des concurrents Low-cost de la France. 

Dans l’autre camp, la France s’est reposée sur ses lauriers en Afrique du Nord et de l’Ouest, se faisant progressivement concurrencer par la Chine, la Turquie ainsi que les autres pays de l’UE et les Etats-Unis. En effet, à titre d’exemple, la Turquie a joué la carte de l’exemption de visas quand la Chine a offert des financements à 100%. De même, le secteur privé français a une obsession de risque dès qu’il s’agit de l’Afrique ce qui lui fait rater des opportunités.

In fine, comme la France n’a pas de ressources illimitées, son choix implicite de l’Europe de l’Est au détriment de l’Afrique, lui a fait perdre une partie de son poids politique tout en ratant des opportunités économiques. D’ailleurs, cette stratégie qui a montré ses limites, semble se poursuivre comme le montre l’exemption des albanais de visas quand l’Intérieur français voit dans tout touriste maghrébin un clandestin potentiel.