Certains observateurs, qui se plaignaient en France de la double nationalité de certains ministres ou haut-responsables français, vont certainement méditer le cas de Youssef Chahed, en Tunisie. En effet, le Chef du gouvernement tunisien avait la double nationalité tunisienne et française. Ainsi, ce n’est qu’après sa candidature à la présidentielle, qu’il a opté pour la demande de retrait de la nationalité française, pour se conformer à la constitution tunisienne en cas de victoire à la présidentielle.
Naturellement, Youssef Chahed et les autres bi-nationaux aux responsabilités dans les deux rives de la méditerranée, ont respecté la loi au niveau strict. Toutefois, au niveau de l’esprit de la loi, il est difficile de se prononcer sur cette double loyauté. En effet, à titre d’exemple, quand Chahed rencontre Macron, est-ce qu’il est d’abord en compagnie d’un président étranger ou bien il est plutôt face à un compatriote. Il en est de même quand il doit choisir entre un investisseur français et un autre chinois.
Toutefois, les partisans des bi-nationaux aux responsabilités politiques, vont rappeler que ce sujet est tout d’abord délicat. En effet, rentrer dans ces considérations c’est ouvrir une boite de pandore qui va s’étendre rapidement à la nationalité des conjoints et des parents des responsables politiques. De même, de la part de son histoire personnelle, un responsable politique peut aimer un pays étranger à l’exemple de Chirac avec le Japon ou de Senghor avec la France. Pire, un homme politique peut être soutenu par un lobby étranger, l’apport financier pouvant même être plus convaincant que celui sentimental.
En conclusion, au sens large, la résolution des conflits d’intérêts, passe surtout par une charte de bonne conduite préétablie suivie par des compliance-officers ou des magistrats de la Cour des Comptes.