Les élections présidentielles françaises ont souvent réservé une dichotomie entre les doléances des électeurs et leurs choix électoraux. En effet, les doléances importantes sont plutôt de gauche quand le vote est plutôt à droite.
En particulier, les doléances importantes sont celles qui font sortir les gens dans la rue pour des manifestations ou des grèves. C’est le cas notamment pour l’opposition au relèvement de l’âge du départ en retraite, de la hausse du SMIG, de l’augmentation des minimas sociaux et du plafonnement de certains prix. Ainsi, les autres doléances comme celles relatives à l’immigration, sont plutôt minoritaires à l’image du score actuel d’Eric Zemmour dans les sondages.
Or, dans les urnes, les français ont élu Emmanuel Macron en 2017 dont la mesure symbolique était la suppression de l’ISF. Aussi, en 2022, le président sortant qui est archi-favori des sondages, a avancé comme mesures phares, la retraite à 65 ans et l’obligation du travail pour percevoir le RSA. De plus, Macron qui a débauché de LR, les locataires de Matignon, se montre plus favorable aux soutiens de droite (ex: Estrosi et Muselier) qu’à ceux de la gauche (ex: Valls).
Cette situation semble s’expliquer par trois principaux éléments. Le premier est celui de l’indiscipline des candidats de gauche. Ainsi, sur 12 candidats, 6 proviennent de la gauche tandis que certaines personnalités issues du PS soutiennent le président sortant. En comparaison, la macronie ou le centre-droit n’a que Macron comme candidat sans éparpillement des voix, ce qui aurait pu exister en cas de velléités présidentielles de Bayrou ou de Philippe.
Le deuxième élément est celui des gestes électoraux envers les électeurs habituels de la gauche. C’est l’exemple de l’exonération de taxes pour les heures supplémentaires du temps de Sarkozy. Il en est de même pour la suppression de la taxe d’habitation et de la redevance télévisuelle pour Emmanuel Macron. Aussi, le positionnement du RN de Marine Le Pen est ambigu avec un ancrage économique à gauche qui séduit certains ouvriers ou artisans.
Enfin, il ne faut pas oublier la majorité silencieuse avec près de 26% du corps électoral qui est constitué par des personnes âgées de plus de 65 ans. Surtout, ces électeurs qui manifestent rarement sont souvent plus mobilisés lors des échéances électorales. De plus, parmi la population active, nous pouvons aussi citer les personnalités aisées et les cadres au niveau de la majorité silencieuse.