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Éditorial: Faut-il craindre l’immigration ?

Collomb

Le réveil de l’extrême-droite en Allemagne et la droitisation de LR en France, reposent la question sur la place de l’immigration au niveau socio-économique. Surtout, la réponse à la question du titre dépend de l’angle de l’analyse.

En effet, au niveau économique, l’immigration est potentiellement positive pour la France surtout vu le risque démographique. En particulier, l’immigré qui travaille, paie des impôts et finance des retraites tout en stimulant la demande vu la forte propension à consommer. Aussi, même les immigrés qui ne vivent que de RSA, ceux-ci le consomment entièrement en France, renforçant ainsi la demande. De plus, dans certains secteurs comme le BTP ou la restauration, l’immigration permet de réguler les coûts pour les entreprises.

Toutefois, au niveau socio-culturel, une immigration non-choisie peut constituer un danger avec le changement de la structure de population. En particulier, sans langue de bois, pour certains observateurs, un scénario à la Houellebecq, n’est pas qu’une fiction avec un poids électoral des français musulmans, de plus en plus important, pouvant imposer des entorses à la laïcité française. D’ailleurs, en son temps, De Gaulle avait justifié la fin de l’Algérie française, par la crainte de voir un président musulman accéder un jour à l’Elysée.

C’est ainsi que la justification économique s’oppose à la logique socio-culturelle. De plus, une partie de l’immigration est subie car en 2016, selon les données de l’OCDE, 38% des nouveaux immigrés l’étaient au titre de l'immigration familiale. Aussi, la complaisance avec l’immigration clandestine, appelée désormais migration économique, a brouillé les pistes car certains français confondent les bi-nationaux avec les immigrés réguliers ainsi que les clandestins.

En conclusion, nous pensons que l’immigration est un danger si elle n’est ni régulée ni anticipée. Ceci est d’autant plus vrai pour les clandestins non recensés et non identifiés. A contrario, l’immigration légale choisie peut être une chance, en attirant les talents et les travailleurs pouvant occuper des postes non pourvus.

Au passage, la lutte efficace contre l’immigration clandestine peut passer par deux leviers. Le premier est celui de la sanction juridique des personnes qui rentrent illégalement sur le territoire. Le second est la participation à la démocratisation des régimes de l’Afrique du Nord et de l’Ouest, pour y favoriser le développement économique et le maintien sur place des jeunes tentés par l’émigration clandestine. Surtout, plusieurs pays africains disposent de leurs propres ressources de développement, à condition d'une amélioration de la gouvernance économique via une démocratie réelle.