La large victoire du RN aux élections européennes, n'a eu des conséquences significatives sur le plan local que grâce à la décision surprenante d’Emmanuel Macron de dissoudre immédiatement l’Assemblée Nationale. En effet, historiquement, ces élections européennes n'ont été qu’un défouloir ou plutôt un vote plaisir avant le vote engageant de la présidentielle.
En particulier, contrairement à la présidentielle, les européennes sont à un seul tour, ce qui encourage la compétition interne et l’existence de petites listes qui rognent des voix. D’ailleurs, pour ces européennes, aucun candidat déclaré ou potentiel pour 2027, n’a osé tester sa popularité lors de ce scrutin. C’est notamment le cas pour Edouard Philippe, François Bayrou, Manuel Bompard ou Laurent Wauquiez. Ainsi, le vote utile n’a pas une grande importance vu la moindre sensibilité au rang obtenu. Aussi, aux législatives, la dimension locale est importante grâce à l’implantation des candidats et au faible écart de voix.
En outre, même si cette fois, il s’agit d’élections législatives immédiates après un scrutin européen, les résultats des européennes ont été rarement confirmés à la présidentielle. En effet, Marine Le Pen a justement gagné en 2014 avec 24,9% des voix, sans pouvoir confirmer en 2017. De même, en ancien mode de scrutin, l’UMP avait gagné en 2009 avec 27,9% des voix avant la déroute de Sarkozy en 2012. Il en est de même pour le PS en 2004 avec 28,9% des voix avant l’échec de Ségolène Royal en 2007.
Ainsi, les électeurs se sont habitués à se faire plaisir aux européennes sans conséquence immédiate sur leur vie quotidienne. A titre d’exemple, en 1994, Philippe de Villiers avait obtenu 12,3% contre 12% pour Feu Bernard Tapie. Aussi, en 1999, Feu Charles Pasqua avait obtenu 13,1%, devançant même Nicolas Sarkozy (12,8%) et son ancien parti. En effet, au moment d’un choix décisif, la main des électeurs peut trembler pour préférer un choix de raison à la place d’un vote de plaisir.
Dans ce cadre, Jordan Bardella peut très bien subir le même sort que celui de Philippe de Villiers ou de Charles Pasqua. Surtout, la seule expérience de Jordan Bardella est celle de député européen ou d’assistant parlementaire, sans diplôme supérieur. Aussi, en plus de son jeune âge de 29 ans, Jordan Bardella peut souffrir de l’absence de cadors chevronnés à ses côtés ce qui peut autant effrayer le monde des affaires que les créanciers de la France.