Plusieurs macronistes défendent la nouvelle loi de l’immigration, en évoquant le caractère normal ou logique de certaines mesures. Or, en matière d’immigration, la forme prend souvent le dessus sur le fond car le diable est dans les détails de l’application des textes juridiques.
En effet, la forme prime en matière d’immigration car dans la vie de tous les jours, ce sont les préfectures qui gèrent les titres de séjour. Or, quand le message gouvernemental est celui de la fermeté, la machine administrative à fabriquer des clandestins se met en marche. Surtout, le préfet est souverain dans ses décisions avec des brèches fléchées par la nouvelle loi comme le sérieux des études ou l’expression de volonté de naturalisation.
Ce point de l’attitude de l’administration est important car plusieurs personnes en situation irrégulière, le sont après le non renouvellement d’un titre de séjour et non après un passage en patera en Europe. En effet, pour diverses raisons procédurales justifiées ou non (ex: changement de statut, perte de logement, échec dans les études …), cette perte du statut d’immigré régulier est souvent problématique car les personnes concernées ont un travail ainsi que des liens sociaux profonds en France.
En outre, en reprenant l’exemple des étudiants étrangers, les plus doués seront vexés d’être mis à l’index et opteront pour d’autres pays plus accueillants. Ainsi, seuls les étudiants mal-intentionnés supporteront cette vexation de la caution pour venir s'installer en France. Au passage, cette “fermeté” avait été testée sans résultats lors des années 90 avec Pierre Joxe et Charles Pasqua, entre autres.
Quant à la forme de cette loi, le signal envoyé est mauvais pour plusieurs raisons. La première est l’erreur de ciblage car les problèmes actuels sont plutôt posés par des immigrés clandestins entrés de manière irrégulière ainsi que par des personnes nées françaises ayant des aïeuls immigrés. Deuxièmement, il n’était pas nécessaire de regrouper certaines mesures dans la même loi car une telle agrégation fait de l’immigration comme le principal problème de la France. Enfin, l’essentiel en matière d’immigration se passe à Bruxelles avec le pacte d’immigration de l’UE.
En conclusion, la France compte au moins 6 millions de citoyens français de culture musulmane. En les mettant à l’index ou en les qualifiant d’immigrés, la France ne facilite pas leur assimilation qui ne peut se faire forcément que sur plusieurs générations. De plus, l’immigration est souvent corrélée à la démographie comme le montre l’exemple actuel de manque de main d'œuvre dans certains secteurs. Aussi, de nouveaux pays développés comme la Turquie sont peu attractifs pour l’immgration en lien avec leur démographie galopante.