En versant des larmes au moment de l’annonce de son départ de la mairie de Bordeaux, Alain Juppé n’a pas dû regretter uniquement la capitale de la Gironde mais aussi un destin présidentiel raté à la manière de Feu Michel Rocard.
En effet, celui que Jacques Chirac surnommait le meilleur d’entre nous, au RPR, avait un destin présidentiel tout tracé, en occupant tour à tour les postes de ministre du Budget (86-88), de ministre des Affaires Etrangères (93-95) et de premier ministre (95-97). Surtout, même ses adversaires politiques, lui reconnaissaient cette qualité de mécanique intellectuelle hors-pair.
Toutefois, Alain Juppé n’a pu concourir en 2007 car ses démêlés judiciaires l’ont conduit à démissionner de ses fonctions parlementaires, municipales et de la présidence de l'UMP, le 16 juillet 2004, alors qu’il avait créé le parti majoritaire en fusionnant le RPR avec l’UDF, après la victoire de Chirac en 2002.
Aussi, en 2017, alors qu’il était archi-favori pour succéder à François Hollande, Alain Juppé s’est laissé piéger par des primaires non équitables avec la large sur-représentation de la Manif pour Tous parmi les votants de la droite.
In fine, la malédiction des hommes politiques brillants au niveau technique, qui avait déjà frappé, Raymond Barre et Michel Rocard voire Lionel Jospin, a touché Alain Juppé. En effet, les électeurs semblent se méfier des candidats qui donnent l’impression d’une intelligence supérieure à la moyenne, assimilant cette qualité à de l’arrogance. D’ailleurs, Macron n’a dû son salut qu’aux affaires judiciaires de François Fillon et à la maladresse de Marine Le Pen, notamment lors du débat.