Le rapprochement entre Veolia et Suez, souhaité par l’ancienne Générale des Eaux, prend un tour inédit. En effet, alors qu’Engie est partant pour un rapprochement des deux acteurs français des Utilities, Suez s’est émancipé et a activé toutes les armes anti-OPA pour échapper au rapprochement avec son concurrent.
En effet, le Conseil d’Administration d’Engie a accueilli favorablement l’offre améliorée de Veolia tout en lui demandant d’étendre la durée de son offre jusqu’au 5 octobre 2020. En conséquence, Veolia a confirmé accueillir favorablement les demandes d’Engie. Aussi, Veolia s'est engagée à formaliser d’ici à cette date, les modalités de son engagement de ne pas lancer d’offre publique d’achat hostile sur les titres de Suez.
Pour rappel, Veolia a amélioré le prix de sa proposition d’acquisition des 29,9% de Suez auprès d’Engie de plus de 16% en le portant le prix à 18€ par action (coupon attaché). Aussi, Veolia s’engage à intégrer des cadres exécutifs de Suez dans les instances de direction dans un esprit d’équilibre et de critères de compétence. De plus, Veolia a pris l’engagement, dans le cas où il prendrait le contrôle de Suez, de maintenir l’ensemble de l'emploi des salariés en France, qui conserveront leurs régimes et avantages sociaux, individuels et collectifs.
Toutefois, le Conseil d’administration de Suez a confirmé son soutien, ainsi que ses actionnaires salariés (2,5% du capital), à la lettre d’intention d’Ardian qui propose une offre alternative pour l’acquisition des actions détenues par Engie dans Suez à hauteur de 29,9%. Cette opération sera suivie immédiatement d’une offre publique en numéraire pour l’ensemble des actionnaires.
De plus, Suez n’a pas changé de position même après avoir été invitée à discuter avec Veolia. Ainsi, Suez a indiqué dimanche l’échec des discussions avec Veolia, publiant même la lettre adressée. Celle-ci précise que l’offre de Veolia n’a pu garantir le maintien en France d’un deuxième acteur d’envergure dans le métier de l’eau et de l’environnement. Ainsi, l’acquisition du bloc d’actions auprès d’Engie, sera considérée comme une offre hostile. Cette approche de Suez est même soutenue par plusieurs responsables politiques.
Pour rappel, avant cette rencontre entre Suez et Veolia, l'ex Lyonnaise des Eaux, avait indiqué que les propositions faites par Veolia restent floues et qu’elles ne garantissent pas l’intérêt des actionnaires. Ainsi, Suez mettra, en particulier, tous les moyens à sa disposition pour éviter une prise de contrôle rampante ou un contrôle de fait, par son principal concurrent. De plus, s’agissant des actionnaires, Suez a observé que rien ne garantit qu’ils bénéficieront d’une offre en numéraire au même prix et conditions qu’Engie. Aussi, pour les salariés, les garanties d’emploi sont en trompe-l’œil.