Dans son nouveau livre, "Affronter", François Hollande est davantage critique envers son successeur, Emmanuel Macron. Toutefois, dans l’ancien livre, “les leçons du pouvoir”, l’ancien président français, François Hollande, avait apporté un éclairage plus nuancé sur ses relations avec Emmanuel Macron. En effet, la relation entre Hollande et Macron nous amène sur le débat autour des ambitions légitimes d’un collaborateur qui aspire à la promotion quitte à la provoquer.
Ainsi, dans “les leçons du pouvoir”, selon la version de l’ancien président français, Macron qui était secrétaire général de la commission d’Attali, avait rencontré Hollande en 2008, car il souhaitait s’impliquer dans la politique. Toutefois, les deux hommes se sont perdus de vue avant la campagne présidentielle de 2012, où Macron s’est proposé auprès de Sapin pour participer au programme économique.
Par la suite, après l’élection de Hollande comme président face à Sarkozy, Emmanuel Macron sera récompensé avec la nomination à l’Elysée comme Secrétaire Général Adjoint avec un salaire dix fois moins important qu’à la Banque Rothschild. Sans surprise, Macron a apporté à l’Elysée sa touche de banquier d’affaires, avec un travail acharné couplé à un volontarisme optimiste, indépendamment de la dureté des tâches.
Le premier RDV raté viendra lors de la nomination du gouvernement de Valls en mars 2014 car Macron ne sera ni nommé comme ministre ni promu comme SG de l’Elysée, un poste pris par Jean-Pierre Jouyet, libéré de la CDC et ami intime de Hollande. C’est ainsi que sans surprise, Macron a temporisé avant de prendre sa liberté l’été de 2014.
Le deuxième couac surviendra après le départ de Montebourg du ministère de l’Economie, car Hollande ne va proposer à Macron qu’une petite promotion. En effet, contrairement aux souhaits de l’actuel président français, il n’a eu que le ministère de l’Economie, Sapin gardant les Finances.
Par la suite, les RDV ratés vont s’accumuler. Ainsi, Macron n’a pas pu faire voter directement la loi éponyme à l’Assemblée Nationale, Hollande donnant le feu vert à Valls pour user du 49-3 (confiance du gouvernement). Aussi, Macron ne pourra défendre la loi de travail, confiée à Myriam El Khomri.
Surtout, quand Macron a pris de l’assurance grâce à sa popularité, il a pensé implicitement à un ticket avec Hollande pour 2017, ce que ce dernier a ignoré. En effet, l’ancien président français a indiqué qu’il lui a été précisé en début de 2016 que Macron est disponible pour remplacer Valls à Matignon. Toutefois, en refusant cette proposition, Hollande a certainement obligé Macron à rouler pour lui même.
C’est dans ce cadre que la suite de l’histoire est connue avec l’émancipation progressive de Macron, qui va faire la politique de petits pas, en lançant le mouvement En Marche et en niant l’évidence face à un Hollande qui a paru dépassé surtout que l’ancien président français, vacillait politiquement entre sa politique centriste, la pression de son premier ministre et la fronde de la gauche du PS.
Ainsi, Hollande aurait pu certainement être réélu s’il avait formé en 2017 un ticket avec Emmanuel Macron, premier ministre et dauphin officiel. Surtout, Macron aurait pu attendre 2022, s’il était sûr que Hollande sera le candidat du PS avec une implication réelle de Valls et des frondeurs dans la campagne de 2017.